Mardi 9 janvier 2018 à 19h 4 Place Saint-Germain-des-Prés 75006 Paris
Une conférence organisée par le Mouvement Européen Paris en partenariat avec la Société d'Encouragement pour l'Industrie Nationale et l'Europe en mieuxAvec
Hélène Carrère d'Encausse, secrétaire perpétuel de l'Académie française, historienne et spécialiste de la Russie Vladimir Fedorovski, écrivain et ancien diplomate russe Entrée libre sur inscription, dans la limite des places disponiblesPrésentation
Après l’implosion de l’URSS, la Russie d’ Eltsine rêvait de rejoindre la maison commune européenne. L’arrivée de Evgenij Primakov en 1996 aux Affaires Etrangères marque un virage : la Russie dénonce un marché de dupes entre elle et l’Occident. Les sujets de ressentiment s’accumulent : gestion de la crise dans l’ex-Yougoslavie ; perspective de l’élargissement de l’OTAN aux anciens satellites en Europe de l’Est perçus comme des menaces sur la sécurité de l’Etat russe. Primakov considère que la Russie ne peut rester de par sa géographie, son histoire et sa culture ancestrale une puissance moyenne à l’échelle du monde et qu’elle demeure une puissance eurasienne. De plus le monde étant devenu multipolaire la politique extérieure de la Russie doit être mieux équilibrée. Plus d’occidentalisme inconditionnel. Enfin « l’étranger proche » où vivent des millions de russes doit rester une préoccupation de la Russie. Tout naturellement les relations Russie-Europe se compliquent. La Russie compte sur l’O.S.C.E pour contrebalancer la toute puissance des Etats-Unis au travers de l’O.T.A.N. D’où sa relative bienveillance initiale vis-à-vis de l’élargissement de l’U.E qui pourtant l’inquiète. Un apaisement se produit lors de l’entrée de la Russie au Conseil de l’Europe et la signature de l’Accord de partenariat et coopération en 1999 ; cependant le ressentiment réciproque ne cesse de croître avec la question des droits de l’homme et le conflit de Tchétchénie. Puis vint l’ère Poutine et de ses ministres Igor Ivanov et Serguej Lavrov. Tout était bien parti après le « nine eleven » : l’UE se hissait alors au rang de premier partenaire commercial de la Russie. En 2003 c’est le sommet UE-Russie à Saint-Pétersbourg. On parle de créer un espace commun pour l’économie, la liberté des peuples, la sécurité et la justice. Patatras ! Les tensions russo-européennes ne cessent de se développer du fait de l’ampleur de l’élargissement et surtout de la question des « révolutions de couleur » que les russes analysent comme un processus subversif piloté par les Etats-Unis et destiné à renverser le régime de Poutine. Du côté de Bruxelles la critique principale porte sur l’autoritarisme grandissant du régime qui éloigne la Russie des valeurs de l’UE. L’Union s’émeut aussi de l’utilisation par le Kremlin des fournitures d’énergie comme arme politique pouvant à terme menacer les pays membres. On n’est plus loin après la crise en Ukraine, de la rhétorique de la guerre froide. Le discours poutinien devient de plus en plus nationaliste et complaisant à l’égard des partis « souverainistes » et d’extrême droite. La nouvelle Russie traumatisée par la faillite de l’URSS et l’humiliation des années Eltsine devient résolument et ouvertement conservatrice. En rupture avec l’égalitarisme et le freudisme des années 60 qui dominent en Occident, les maîtres à penser de Poutine tels que les philosophes Berdaiev et Iline prêchent un retour vers un modèle de société, libéral en économie mais plus respectueux des valeurs traditionnelles russes (famille, armée, patrie, religion chrétienne, culture historique, natalité). Fort de son pouvoir peu contesté tant le niveau de vie des russes s’est amélioré, Poutine aura-t-il la volonté après sa réélection de faire évoluer son pays vers un modèle plus compatible avec la démocratie telle que nous la concevons, moins autoritaire et centralisatrice, plus sensible aux droits fondamentaux des citoyens et donc plus proche des valeurs de l’UE ? L’UE peut-elle recréer les conditions du retour de la Russie dans la maison commune comme dans les années 90 ? Pourquoi le voudrait-t-elle tant que Poutine demeure au pouvoir, c’est-à-dire pendant six ans encore ? Il peut arriver tant de choses en six ans ! Deux des meilleurs connaisseurs dans le monde des relations de l’Europe avec la Russie nous aideront à comprendre les enjeux actuels de ces amours tumultueuses entre ces deux espaces du globe qui ne forment qu’un seul monde géopolitique allant de l’Atlantique au Pacifique sur une distance de 12 000 kilomètres.Nos invités

Pour aller plus loin
. Article en ligne du site en ligne Aerion : "Quelles perspectives pour les relations Europe-Russie ?" . Présentation de la Russie sur le site de France diplomatie . Article de la Documentation française sur les Sanctions économiques contre la Russie : quels effets sur l’économie et la sécurité de l’Europe ? . Publication des services économiques de la Direction générale du Trésor: Le commerce extérieur de bien de la Russie en 2016
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